EN RDC, LES FOOTBALLEUSES CONGOLAISES : DES LAISSÉES POUR COMPTE AU PAYS
Du temps des équipes du Grand Hôtel Kinshasa, sous le défunt Bob Mundabi Fal Bob et du FT, Forces Terrestres, le football féminin avait vécu ses moments de noblesse ponctués d'une double participation à la Coupe du Monde de football, en Russie et en Chili.
Par le temps qui passe, aucune attention particulière n'est portée sur les footballeuses moins encore sur cette discipline. Cette négligence notoire se remarque tant des décideurs du pays, des dirigeants sportifs que des clubs. Même les joueuses des équipes nationales, toutes catégories confondues, n’en sont pas épargnées.
Pour leur survie, la plupart d'entre elles ont opté pour l'exode en terres étrangères pour monnayer leur talent. A ce titre et à défaut du mieux, la traversée du fleuve Congo, vers la République du Congo, à la quête d'une situation sociale meilleure, est pour elles, une panacée,
Souvent, c'est à l’insu des dirigeants de leurs clubs et de la Fédération Congolaise de Football Association (FECOFA) et loin de tout regard, parfois des voies de transports inappropriés, souvent en nocturne et à leurs risques et périls, pour échapper au contrôle de la police des frontières maritimes de deux pays.
La mort par noyade, il y a de cela quelques années, des deux handballeuses, dans les eaux du fleuve Congo, est loin de les dissuader dans leur tentative qui constitue un saut dans l'inconnu.
Vanessa Pemba et son expérience malheureuse
Si certaines de ces joueuses ont échoué dans leur tentative et sont restées muettes sur leurs amères expériences respectives gardées secrètes, pour s'épargner, sans nul doute, des moqueries de l'opinion, d'autres, par contre, ont décidé de délier la langue, sur leurs moments difficiles à Brazzaville. En témoigne, Vanessa Pemba du MCF Bilenge.
Question : L'année dernière Vanessa Pemba l’année dernière, tu as goûté aux délices du championnat de la République du Congo, à Brazzaville, considéré comme un eldorado pour les joueuses kinoises. Quelle en avait été ta vraie motivation pour cet exil professionnel ?
J'avais quitté Kinshasa pour Brazzaville, sur proposition d'une amie. Dans la capitale de la République du Congo, m'avait-elle rassurée, que je pouvais m’en sortir grâce à l'argent que les dirigeants donnent aux athlètes. Cette amie m'a convaincu et persuadé que Brazzaville pouvait l'être profitable au maximum si j'arrive à signer un contrat juteux. Sans beaucoup de réflexion, j'ai mordu à l'hameçon dans l'espoir de changer ma vie. Une fois à Brazzaville, la réalité y était toute autre. Rien n'a rimé avec les propos de cette amie. Au début, le président nous traitait comme ses enfants, mais à la longue, les évènements ont pris une tournure totalement négative et tout a tourné au vinaigre, tant la situation s'était empirée au fil des jours au point de manquer de quoi mettre sous la dent ou à nous désaltérer. M’habiller était aussi devenu un souci majeur. Par un heureux hasard, j'ai rencontré un de mes oncles qui m'a beaucoup aidée.
À quel point il était difficile de gagner sa vie en RDC ?
Les difficultés vécues à Kinshasa n'étaient pas aussi criantes qu'on pouvait le croire quand bien même j'étais à court des moyens pour subvenir à tous mes besoins ou à ceux de ma famille. Mes affaires de commerce n'ont pas tourné rond. Autant de raisons qui m'ont poussée à opter pour Brazzaville, dans l'espoir de gagner un peu d'argent. Ce qui pourrait relancer mon commerce avec possibilité d'aider ma famille. Finalement le déplacement de Brazzaville s'est avéré comme une vraie fausse affaire. Tout mon fonds de commerce du départ s'est dilué comme du sel dans l'eau pour payer les frais pour mon retour à Kinshasa.
Comment justifies-tu ton voyage clandestin pour Brazzaville?
C'est au moyen d'une pirogue que nous avons effectué le voyage clandestin pour Brazzaville. C'est au niveau de Maluku dans la périphérie Est de la ville de Kinshasa, que nous avons effectué la traversée du fleuve Congo, simplement parce que nous n'avions pas des papiers d'identité requis. C'est une expérience inhumaine à ne plus revivre. A l'occasion, j'ai vécu une peur de ma vie comme jamais auparavant. Cette traversée nous a pris près de 3 heures sur cette pirogue. A l'accostage à la rive droite du fleuve Congo, sur le sol brazzavillois, une délégation du président de cette équipe nous a accueillis et nous a conduits au siège de l'équipe. Celle-ci nous a logés dans un hôtel de la place. Le lendemain de notre arrivée, nous avons changé de résidence et où nous sommes restés plus de 2 mois. Après l’hôtel, dans un groupe de 7 joueuses, nous avons élu domicile dans une maison louée pour nous.
En quoi se résume les difficultés que vous avez rencontrées sur place ?
A notre arrivée, tout allait mieux du monde possible. Quelques semaines plus tard, c'était le revers de la médaille. Pour nous, le reste n'était plus qu'un calvaire si bien qu'on n'a pas su à quel saint se vouer. Sans solution, j'ai personnellement demandé le billet de retour au président de l'équipe et en réponse, la suite n'était plus que des promesses fallacieuses. Faute de mieux, je m'étais rabattu auprès d'une tante qui m’a branchée sur mon oncle résidant à Pointe-Noire. De temps à autre, celui-ci m’a envoyé un peu d'argent, tous les jours, pour la restauration. En attendant, des primes à la signature, nous n'avons eu que 25 000 CFA équivalant à 40 Dollars américains) comme argent de poche. Aux dires de ce président, il avait reçu cet argent de leur fédération, à la faveur des subventions de l'état au profit des clubs. C'est dans ce sens que ces 25000 CFA nous été remis, a dit le président, arguant que nos primes à la signature seraient mis à notre disposition. Ce qui n'a jamais été chose faite, à ce jour. A Brazzaville, je n'ai joué que 6 matches. Cela était dû au faite parce que le coach n'avait aucune idée de moi. Par contre d'autres joueuses venues de Kinshasa jouaient régulièrement. En cas de victoire, nous avions droit à un prime de match équivalent à 3500 CFA, en cas de victoire. La suite des événements n'était plus du brouillard le président s'était carrément volatilisé loin de nos regards. A la quête d'une voie de sortie, J'ai dû participer à un tournoi où j'ai rencontré une bonne samaritaine qui, par amour, m'a aidée à revenir au pays.
Comment pensez-vous remédier cette situation ?
Ces aventures que nous avons vécues à Brazzaville sont riches d'enseignements. Cela, non seulement pour les joueuses que nous sommes, mais aussi pour à la Fédération Congolaise de football. Cette dernière veille au grain sur le bien-être des athlètes et s'atteler pour que les transferts s'établissent selon les normes requises. A l'intention des joueuses, il leur est demandé de ne plus commettre de tels risques. Dotée par la FIFA des moyens financiers pour le développement du football féminin, la FECOFA devra les exploiter à bon escient, et en faire bon usage pour que les joueuses aient cette envie d'évoluer à domicile et puissent s'épargner ces risques. Au moyen des transferts, il y a lieu de suivre la transhumance des joueuses, dans un sens comme dans un autre.