H. ILUNGA : ‘‘ACTUELLEMENT, J’AIMERAIS METTRE EN PLACE UNE CONVENTION COLLECTIVE POUR TOUTES LES SELECTIONS CONGOLAISES’’
Entraînement au beau milieu de la route, chassées de leur hôtel, les U20 congolaises ont enchaîné déboires sur déboires lors du deuxième tour des éliminatoires de la Coupe du monde de leur catégorie d’âge. Des incidents semblables à des actes de maltraitance pour Hérita Ilunga, ancien joueur des Léopards et dorénavant membre du comité de la FIFPRO pour la zone Afrique. L’ancien latéral de Saint-Étienne fait tout pour que cela ne se reproduise pas. (Une interview réalisée avec Sofoot.com).
Comment avez-vous été mis au courant des problèmes avec la sélection U20 congolaise ?
Lors du premier « scandale » (l’entraînement sur le parking, NDLR), des personnes m’ont transmis les vidéos sur WhatsApp. J’ai alors demandé à des connaissances d’aller vérifier sur le terrain pour s’assurer que c’était bien vrai, ce qui m’a été rapidement confirmé. En revanche, quand elles ont dû dormir à même le sol, j’ai été alerté grâce aux réseaux sociaux. Les médias ont joué un grand rôle. En médiatisant ces affaires, cela a permis de faire bouger les choses rapidement.
Que s'est-il réellement passé ?
Lors du tour précédent de qualification de la Coupe du monde U20 contre Sao Tomé-et-Principe, les Congolaises l’emportent, mais ne touchent aucune prime. Il faut savoir que chez nous, c’est le ministère des Sports qui donne l’argent à la FECOFA (la fédération congolaise de football, NDLR) qui ensuite le redistribue. Nous espérions qu’elle avance les fonds, mais il n’en a rien été. En revanche, la fédé avait assuré que les U20 seraient payées au match retour contre le Cameroun. C’est pour cela qu’après le match perdu 5-0, elles reviennent dans leur hôtel à Kinshasa. Sauf qu’aucune des nuitées n’avait été réglées, et elles se retrouvent à la rue. Mais dans le but de faire réagir, elles se sont posées juste devant les locaux de la fédération. Après cela – et le bad buzz déclenché par la fuite des différentes vidéos –, le ministre des Sports Serge Nkonde est venu à leur rencontre pour les rassurer. Je l’ai eu au téléphone lundi et il m’a dit que les primes ont enfin été données.
Deux événements en trois semaines d’intervalle, pourquoi cela arrive aux U20 congolaises ?
La FECOFA a déjà très peu de considération pour l’équipe féminine A alors pour les jeunes filles... La fédération n’a aucun plan à long terme alors que les Congolaises ont très envie de jouer au football. Mais quand tu vois ces images, quel parent voudrait envoyer son enfant dans ce bourbier ? Ce problème touche également toutes les catégories de jeunes. Pourtant, la FIFA investit beaucoup d’argent afin de développer les structures des centres de formation et les sélections féminines. Ce sont vraiment de belles sommes. Il faudrait qu’elle surveille plus ce qu’il se passe, car je ne veux pas dire qu’il y a des malversations, mais nous sommes en droit de nous poser quelques questions.
De par vos fonctions (président de l’Union des footballeurs du Congo et membre du comité de la FIFPRO pour la zone Afrique), vous essayez de faire bouger les choses ?
Forcément. Quand je vois ce genre d’événement, je suis heureux de ne pas avoir connu cela lorsque j’étais en sélection. Attention, il y avait d’autres soucis, mais nous fermions les yeux, car nous voulions représenter notre pays. Actuellement, j’aimerais mettre en place une convention collective pour toutes les sélections congolaises afin de rationaliser la logistique, la réservation des hôtels, des terrains et le système de primes. Pour les U20, j’avais transmis un courrier à la FECOFA en mettant en copie toutes les parties prenantes (la FIFA, la CAF et le ministère des Sports, NDLR). C’est aussi grâce à cela que Serge Nkonde est intervenu aussi rapidement.
Est-ce que les U20 congolaises restent un cas isolé ?
Non, là on en parle comme de l’affaire « Congo », mais tu peux le retrouver un peu partout en Afrique. Sans dire de nom, tu as juste à regarder le résultat des sélections et tu peux savoir qui travaille mal ou pas. Par exemple le Cameroun, tu sens qu’il y a une meilleure gestion, que des projets sont mis en place pour le développement des jeunes. Et c’est ce qui manque au Congo, alors qu’il y a une véritable attente.